A l’heure actuelle, les politiques publiques en faveur des personnes en situation de handicap n’ont pas intégré la dimension liée au genre dans leurs actions. Si ce processus d’asexuation des personnes en situation de handicap tend à occulter les identités genrées – le neutre étant plutôt masculin, il contribue aussi à la réactivation des stéréotypes de genre. Pour exemple, la CJUE a reconnu que le licenciement d’une assistance maternelle obèse constituait une discrimination fondée sur le handicap et l’on sait que stéréotypes négatifs et discriminations frappent davantage les femmes en surpoids et obèses. De manière plus générale et comme le souligne Maudy Piot de FDFA, « les stéréotypes dont sont victimes les femmes en général, fatigabilité, fragilité, seraient d’autant plus présents lorsqu’il s’agit de femmes handicapées ». A cet égard, Justine Solano souligne que le handicap est ici considéré comme « la vulnérabilité “de départ”, qui expose à des situations d’exploitation ». Le fait d’être une femme, en plus d’être handicapée, rend quasi-inévitable l’exploitation professionnelle. Cette situation est là aussi expliquée par les représentations sociales liées au genre : « les gens se disent qu’un homme handicapé surmontera plus facilement son handicap ». Au-delà du domaine de l’emploi, il apparaît que les stéréotypes liés au sexe sont renforcés par les situations de handicap. Ainsi, Dominique Poggi, sociologue, souligne que l’on assiste à un renforcement des stéréotypes de genre : « les hommes [handicapés] sont plus aux prises avec la justice tandis que les femmes sont plus en demande de droits sociaux […], les arguments mis en avant pour faire valoir une demande de soutien lié à un trouble psychique ne sont pas les mêmes non plus : les hommes doivent faire valoir leur non dangerosité, leur employabilité et l’existence d’un entourage ; les femmes doivent montrer qu’elles sont dans des relations non conflictuelles et en famille. La stigmatisation est la même mais elle prend des formes différentes, elle épouse les stéréotypes de genre ». Dès lors, les stéréotypes de genre mais aussi les stéréotypes propres aux femmes handicapées affectent ces salariées dans leur quotidien et leur relation au monde du travail : la déconstruction de ces stéréotypes s’impose. A cet égard, le Parlement européen rappelle dans sa résolution du 11 décembre 2013 relative aux femmes handicapées « l’inclusion suppose de contrer les stéréotypes en véhiculant des images positives par l’usage d’expressions culturelles et de campagnes de sensibilisation qui apportent une présentation objective d’images de femmes handicapées et l’exposition de la variété de rôles qu’elles peuvent assumer au quotidien dans la société, ainsi qu’en ciblant certaines représentations des handicaps dans la sphère publique, étant donné que c’est précisément ce domaine qui est à la traîne». Pourtant, peu de femmes handicapées représentent des modèles de réussite reconnus. Les femmes handicapées semblent totalement absentes de nombreuses sphères de la société (où les hommes handicapés sont eux-mêmes rares) sans que cela constitue un enjeu : médias, politique, monde des affaires, arts etc. L’absence de modèle positif vient ainsi alimenter les phénomènes d’autocensure. La mise en place de dispositifs de lutte contre les stéréotypes a tout intérêt à s’appuyer sur la « visibilisation » des femmes handicapées et notamment des modèles positifs pour lever l’autocensure chez les femmes.
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Être femme et handicapée : un stéréotype spécifique ?
Villes durables en France
Le développement urbain durable est aujourd’hui le thème majeur de tous les rendez-vous internationaux les plus récents. C’est la COP 21, avec l’accord de Paris sur le climat en décembre 2015 et ratifié par le Parlement européen en octobre 2016, comme la Conférence mondiale Habitat III sur le logement et l’habitat à Quito. Avec 80 % de la population mondiale résidant dans les villes, le défi du développement urbain soutenable est central… pour tous les habitants de la planète. En Europe, la dimension urbaine de la politique développée par la Commission s’est considérablement renforcée : cohésion sociale, énergie-climat, recherche, environnement, inclusion sociale ou encore transports. Le 30 mai 2016, les États membres ont adopté « l’Agenda urbain pour l’Union européenne » en signant le Pacte d’Amsterdam. L’objectif : associer les villes à l’élaboration des politiques européennes afin de mieux répondre aux enjeux auxquels elles sont confrontées dans leur devenir. La ville durable constitue par conséquent un enjeu politique, économique autant que diplomatique pour la France, qui se doit de présenter une réponse pertinente sur la tenue de ses engagements pris au titre de ces traités. Afin de permettre l’articulation de ces grandes orientations internationales avec les politiques publiques régionales et locales, la France s’est attachée à les décliner dans un certain nombre de démarches, les unes volontaires, les autres rendues obligatoires par la loi (stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2014-2020, loi sur la transition énergétique…). Des politiques locales ont été élaborées ainsi que des outils opérationnels (démarches «ÉcoCités », « ÉcoQuartiers », plan « nature en ville », référentiel européen des villes et territoires durables-schémas régionaux de cohérence écologique, plans climat énergie territoriaux…). Bref, il y a encore de l’espoir !
Un monde virtualisé
Le mois dernier, j’ai expérimenté un simulateur de vol à Roissy, et je dois admettre que j’ai été troublé par le réalisme de l’ensemble. J’ai surtout connu les simus d’il y a 15 ans, et j’étais un peu resté là-dessus. Du coup, je peux vous dire que ça m’a mis un coup, en découvrant à quel point la technologie a évolué depuis : nous avons franchement progressé à vitesse grand V, en quelques années !
Et selon moi, ce n’est pas près de s’arrêter. Avec la réalité virtuelle qui arrive dans notre vie, nous allons devoir apprendre à vivre au sein de simulations. C’est la prochaine évolution technologique, peut-être aussi essentielle que la démocratisation des téléphones portables : la virtualisation de notre société. Pour le moment, nous dialoguons avec le monde via un clavier ; nos échanges restent principalement textuels. Mais avec la VR, nous allons enfin pouvoir communiquer dans des espaces virtuels. Les réseaux sociaux vont donc devenir des espaces de rencontre. Certains réseaux sociaux le proposaient déjà, mais il leur manquait l’aspect immersif. Avec les casques comme l’Oculus Rift, tout est réuni pour façonner des espaces virtuels communs dans lesquels nous passerons de nombreuses heures. Les gens ne se l’imaginent pas encore, à l’heure d’aujourd’hui. Certains soutiennent toujours que la réalité virtuelle est prédestinée à être un énième ratage, tout comme les écrans 3D. Mais je crois qu’ils se fichent le doigt dans l’oeil. Pour chaque nouvelle technologie, il y a un grincheux pour objecter que ce sera un échec. Certains soutenaient que les CD n’éclipseraient pas les bonnes vieilles cassettes, par exemple ! A vrai dire, il suffit de faire une modeste recherche sur le fil d’actualité pour le deviner : la réalité virtuelle se fait une placede choix dans notre paysage ! En Angleterre, l’armée s’en sert pour recruter ; elle devient essentielle pour les parcs d’attraction ; elle est plébiscitée dans le retail… Aux Etats-Unis, il y a même des banques de sperme qui s’en servent pour remplacer les magazines porno mis à disposition ! Tout semble indiquer que notre manière d’appréhender le monde va profondément changer, d’ici peu de temps ! Au passage, si vous aimez les expériences un peu différentes, je vous encourage à tenter ce simulateur de vol: ça valait vraiment le coup ! Davantage d’information est disponible sur le site du vol en simulateur.
L’observation de l’égalité des chances
L’égalité des chances constitue une modalité spécifique du concept d’égalité sociale, et peut donc être mise en rapport contrasté avec d’autres modalités, et notamment avec l’égalité des résultats. Dans cette partie, nous essaierons de montrer que l’égalité des chances et l’égalité des résultats dépendent tous deux des propriétés sémantiques particulières du concept d’égalité. L’égalité et l’inégalité sociales sont des constructions qui servent à une observation comparative des relations sociales. En termes logiques, l’égalité peut se distinguer de l’identité. Alors que l’identité ou la non-identité sont des relations absolues, l’égalité et l’inégalité n’existent comme telles qu’en référence à X (Sen, 1992). Quiconque applique le concept d’(in)égalité doit donc choisir le X par rapport auquel s’effectue la comparaison. C’est pourquoi toute application concrète du concept d’(in)égalité comporte un moment de choix et a donc un caractère contingent. Dans le vocabulaire de Luhmann (1995), cela revient à dire qu’une telle application constitue une observation. Nous ne rejetons pas l’idée selon laquelle certaines différences entre individus sont si frappantes qu’un observateur se sente habituellement contraint d’y prêter attention (la taille, la couleur de la peau, les capacités physiques ou intellectuelles, la propriété…). En revanche, nous considérons que, dans le cadre des débats sur la protection sociale, il n’y a aucune distinction entre individus qui doive nécessairement être notée. Dans ce cas, l’observation de l’égalité ou de l’inégalité constitue toujours un choix, puisqu’il existe toujours plusieurs dimensions de comparaison susceptibles d’être appliquées. Par exemple, il dépend de l’observateur de voir deux individus comme, disons, inégaux en termes de couleur de peau, égaux en termes de citoyenneté, inégaux en termes de richesse… Pour les besoins de cet article, cela signifie que nous ne faisons aucun postulat quant à l’égalité ou à l’inégalité fondamentales des groupes sociaux. Il ne nous intéresse pas d’observer l’égalité ou les inégalités entre des groupes sociaux en tant que tels, quelle qu’en soit la nature, mais plutôt d’observer comment les groupes sociaux sont observés dans le cadre des débats sur la protection sociale. Du fait que toute application de l’(in)égalité constitue une observation contingente, résultent plusieurs conséquences intéressantes. Tout d’abord, cela signifie que deux objets non identiques quelconques peuvent toujours s’observer soit comme égaux, soit comme inégaux : c’est l’observateur qui en décide librement par le choix de X. Ensuite, cela signifie que toute observation d’inégalité peut se contrer par une observation d’égalité, et vice versa. Au niveau logique, ces deux observations contraires sont équivalentes : ce sont les facteurs contextuels qui détermineront laquelle accédera à l’influence sociale. Enfin, cela signifie que la société ne saurait valider toutes les prétentions possibles à l’égalité. La légitimité de celles-ci est une ressource potentiellement contestée, et donc rare. Comme nous chercherons à le montrer ci-après, une préférence généralisée pour une modalité d’égalité sociale par rapport à une autre constitue un dispositif social essentiel pour la limitation et la canalisation des prétentions égalitaires. Ces dernières années, c’est l’égalité des chances qui a bénéficié d’une telle préférence par rapport à l’égalité des résultats.
Haute voltige
Jeudi dernier, j’ai expérimenté pour la première fois à la voltige aérienne. Un truc que je rêvais de vivre depuis quelques années, mais que je repoussais tout le tempsJusqu’ici. Ca s’est passé à l’aérodrome, avec un pilote professionnel, Evan. Celui-ci m’a tout d’abord montré notre avion (un petit avion biplace ultra-performant), avant de me faire passer le parachute, tel. Puis on est partis pour 10 minutes de pures sensations en plein ciel. J’ai pu voir toute ma vie défiler devant mes yeux entre boucles, vols dos et autres retournementsIl me semble avoir prononcé quelques grossièretés à certains moments. Pas grave, le pilote y était probablement habitué à cette réaction. Au bout d’un certain temps, j’ai commencé à me sentir patraque, et Nicolas a décidé de calmer le jeu. Mais mon estomac a déclaré forfait et j’ai dû faire appel au petit sac à vomi qu’on m’avait charitablement proposé avant d’embarquer. Foutue arrogance : je n’aurais pas dû dire que ça allait bien quand je sentais mon estomac remonter. Vomir n’est pas inévitable, en fait. Michael se calque sur les attentes du client pour que ce dernier atterrisse en forme. Comme il me l’a dit lui-même lors du débriefing: le but n’est pas tant de perturber les gens lors du vol, mais de leur faire découvrir l’enivrement de la voltige aérienne. Son but n’est pas de retourner l’estomac. Mais même cet incident reste secondaire et ne m’a pas gâché le vol. Lors de la phase de voltige, j’ai expérimenté de -3,6G à 5G. Cela veut dire que dans certaines boucles, je pesais 5 fois mon poids habituel ! Je vous laisse deviner les émotions que cela offre. Le plus dur, c’est au final lorsqu’on est en G négatifs : ce sont elles qui rendent vraiment malade. Dans les phases d’hyper-gravité, ce que vous avez mangé quelques heures plus tôt reste bien calé dans l’estomac. En micro-gravité, il a curieusement tendance à vouloir repeindre le cockpit. Pour couronner le tout, Seb m’a autorisé à manoeuvrer l’appareil l’espace d’un instant. J’ai ainsi pu effectuer un virage serré avant qu’on ne doive finalement regagner l’aéroclub ! Je peux vous garantir qu’il m’a fallu un sacré bout de temps pour retrouver mes esprits. Si vous n’avez jamais tenté, je vous invite fortement ce baptême. Ca vaut vraiment le coup de tenter ces choses-là que l’on n’a pas au cours d’une vie. Une chose est sûre, si on m’en donnait la possibilité, je ne dirais pas non (vous avez remarqué le message discrètement glissé ?) ! Mais en ayant l’estomac à vide, cette fois. Je vous mets le lien vers le site web de mon vol de voltige aérienne à Namur. Mais si vous du genre sensible, mieux vaut s’abstenir !.A lire sur le site de Namur.
La fin des mines de charbon du Montana
Les mines de charbon du Montana entrent dans une deuxième année consécutive de production historiquement faible, montrent les enregistrements de l’industrie. Les chiffres du charbon au cours des quatre premiers mois de 2017 montrent que les mines de Montana produisent un troisième moins de charbon qu’ils ne l’ont fait il y a deux ans. Jusqu’en avril, les mines de Montana avaient produit 9,8 millions de tonnes de charbon, sur les rails des quatre premiers mois de 2016, contre 4 millions de tonnes depuis deux ans. La tendance à la production permet au charbon du Montana de suivre sa pire période de production en moins d’une décennie. Plusieurs facteurs fonctionnent contre le charbon, a déclaré Bud Clinch, du Montana Coal Council. Les exportations de la première année sont toujours touchées par les voies d’expédition gelées dans les Grands Lacs. Les exportations du Pacifique Nord-Ouest ont également reçu une dose d’incertitude en avril alors que le président Donald Trump a imposé un tarif de 24 p. 100 sur le bois d’oeuvre résineux canadien. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a menacé d’interdire le charbon américain du Westshore Terminal de la Colombie-Britannique, le principal port du Pacifique Nord-Ouest pour l’expédition du charbon du Montana et du Wyoming vers les centrales hydroélectriques d’Asie-Pacifique. L’annonce a provoqué la chute de 6,6% de Gillette, Wyoming, basé sur le stock de Cloud Peak Energy. Cloud Peak, qui mine le char du sud-est du Montana dans ses mines Decker et Spring Creek, dépend du terminal de Westshore. Cependant, le sabre sur le port de charbon semble avoir diminué. Cloud Peak a cloué des accords pour vendre du charbon cette année dans l’Asie-Pacifique, où la Corée est le plus grand client de Cloud Peak pour le charbon du Montana. Dans son rapport du premier trimestre, Cloud Peak a déclaré qu’en raison des prix internationaux soutenus, la société avait réservé 3,3 millions de tonnes de charbon de poudre pour les ventes en 2017. Les ventes enregistrées ont augmenté leur volume d’exportation total à 5 millions de tonnes pour l’année, à condition que les trains et les ports de charbon puissent accueillir les expéditions. «La société continue de recevoir un intérêt important pour les clients asiatiques pour son char de Spring Creek et cherchera à faire une couche de ventes pour le reste de 2017 à mesure que des opportunités se produiront», a déclaré la société aux investisseurs. À l’échelle internationale, le charbon du bassin de la rivière Powder a été blessé par une surabondance de charbon sur le marché de l’Asie-Pacifique. À l’échelle nationale, le gaz naturel a supplanté le charbon en tant que principale source d’énergie de la nation, selon l’Energy Information Administration.
Dépénalisation du cannabis
Plusieurs centaines de personnes ont défilé pour «une autre politique des drogues». Ils espèrent que le prochain chef de l’État s’emparera du sujet, en s’inspirant du premier ministre canadien Justin Trudeau. Sur des airs de rap et de reggae, le cortège, composé de nombreux jeunes mais aussi de personnes malades, militant pour un usage du cannabis à des fins thérapeutiques, est parti peu après 15 heures de la place de la Bastille vers la place de la République, derrière une banderole proclamant: «Marche mondiale du cannabis dépénalisation autoproduction cannabis thérapeutique. Une autre politique des drogues est possible». Cette année, la marche a été avancée pour se tenir entre les deux tours de la présidentielle. «En 2012, on avait de grands espoirs en François Hollande, au moins qu’il ouvre un débat sur le plan européen, mais il a manqué de courage, il a trahi son électorat», a déclaré Farid Ghéhiouèche, un des organisateurs de la marche et fondateur de Cannabis sans frontières, interrogé par l’AFP. À quelques jours du second tour de la présidentielle, le militant a comparé la candidate du Front national et son rival d’En Marche!: «Marine Le Pen, elle veut renforcer la répression, Macron, ça rime avec légalisation, fin de la répression, plus de concertation… J’ai l’espoir qu’il incarne ce que Justin Trudeau incarne au Canada.» Le gouvernement du premier ministre canadien Justin Trudeau veut légaliser le cannabis d’ici à juillet 2018. Le Canada permet déjà la consommation de cannabis à des fins médicales depuis 2001.
Conférence d’Issoire sur le burkini
Vous en avez peut-être entendu parler : il y a depuis quelques mois une « petite » polémique concernant le burkini sur nos plages. Je ne veux pas revenir ici sur la controverse elle-même, mais plus sur ce qu’elle nous apprend de nos élites. Car cette polémique a à mon sens démontré la mesquinerie qui domine dans la sphère politique. A l’occasion d’un séminaire à Issoire en Auvergne, j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’en discuter avec quelques personnes, et si le débat était dans l’ensemble assez mouvementé (en ce qui concerne le burkini), tout le monde s’accordait tout de même à dire que nos élites ont fait étalage de leur incompétence sur cette question. Sarkozy en première ligne. Le candidat aux prochaines élections exhorte d’ailleurs depuis peu à changer la Constitution pour arrêter quel maillot de bain doit être autorisé ou non. Rien de moins. Je vous laisse imaginer la taille de la Constitution si l’on en venait à légiférer de tels détails ! Le burkini a en tout cas été clairement le divertissement de l’été. Ce maillot de bain quasi inexistant en France (qui en a vu sur la plage et combien ?) a fait parler chaque politicien qui ne voulait pas être en reste face à ses camarades. Quitte à dire n’importe quelle ânerie ou ne pas connaître son sujet, d’ailleurs. Mais cette distraction convient tellement bien à tous, au fond : elle permet de ne pas réfléchir aux vrais problèmes. Je ne prétends pas pour autant que le burkini est sans danger : je crois même qu’il représente un vrai problème. Mais pas parce qu’il serait une provocation délibérée suite aux attentats, comme ont pu le dire certains. Le problème réside dans le fait que là où il s’implante, il devient vite la norme. Les plages marocaines le montrent assez bien. Si les autorités ont voulu que les burkini puissent cohabiter avec les bikini sur les plages (pour que chacun puisse vivre comme il l’entend, ce qui est en soi louable), force est de constater que c’est le burkini finit par s’imposer, alors que le reste tend à disparaître, les femmes qui le portent se sentant trop observées. Mais il est important de comprendre que le fond du problème n’est pas là. Et l’attention que les politiciens portent à cette question est un aveu de plus de leur simple rôle de gestionnaire. Soit dit en passant, et même si les débats avec mes collègues ont été assez houleux, ce séminaire en Auvergne a été très intéressant. Vous pouvez jeter un oeil au site de l’agence qui s’en est chargé, si ça vous intéresse.
Rodin : les débuts contrariés d’un dessinateur prodige
Tout en se caressant le menton, Jean-Baptiste Rodin, qui a été récemment nommé inspecteur de police, regarde de biais son fils assis à la table. Il dessine, le nez au ras du carnet dont presque toutes les pages sont couvertes de croquis. Né en 1840, Auguste Rodin a maintenant quatorze ans. Le poil roux, de petite taille et chétif, le garçon n’a cessé de décevoir son père. Il l’avait tout d’abord confié à l’école des Frères de la doctrine chrétienne, où Jean-Baptiste avait été convers lorsqu’il était arrivé à Paris d’Yvetot en Normandie, mais Auguste n’apprenait rien ou presque. À ses onze ans, Jean-Baptiste l’a envoyé à Beauvais en pension chez son frère dans l’espoir que l’oncle Hippolyte, un professeur austère, féru de botanique, réussirait à réveiller cette «poire molle». Deux ans plus tard, force fut de se rendre à l’évidence, Auguste était inapte à poursuivre les études sérieuses qui lui permettraient de faire carrière dans l’administration. Lent, distrait, rétif au latin, il ne s’intéresse qu’au dessin depuis sa plus tendre enfance. Sa mère, au lieu de l’en détourner, s’en amuse. Jean-Baptiste soupire. Toutes les ambitions qu’il a pu nourrir pour son fils unique ne sont plus de saison. Il est désormais résolu à le placer en apprentissage afin qu’il acquière un métier. Mais sa femme et sa fille aînée ne cessent de le tarabuster pour qu’il autorise Auguste à intégrer l’École spéciale de dessin et de mathématiques, surnommée «Petite École» pour la distinguer des Beaux-Arts, qui est gratuite. Marie et Maria ont toujours défendu Auguste. Elles sont convaincues qu’il a un don. Mais crayonner, ce n’est pas une profession! Jean-Baptiste Rodin en a vu, des artistes devenus ivrognes et vagabonds, au dépôt de mendicité de Saint-Denis ou à la Conciergerie, quand il y travaillait! Il ne veut pas que son fils suive les traces de ces fainéants. C’est bien assez que sa fille Clotilde, née d’un premier mariage, ait mal tourné. À la maison, il a interdit qu’on prononce ne fût-ce que son nom. Auguste tombait sur une gravure et s’empressait de la reproduire. Futée, Maria, qui, contrairement à son frère, a toujours bien étudié chez les sœurs, dit qu’après la Petite École, Auguste pourrait se présenter aux Beaux-Arts et, qui sait?, devenir prix de Rome! Elle cite aussi en exemple les trois fils de la tante Thérèse, la sœur de Marie Rodin, qui se sont orientés vers des métiers d’art. Quant à Marie, presque tous les jours elle lui rappelle avec quelle patience Auguste lisait les pages de livres illustrés dont son épicier faisait des sacs pour envelopper les fruits! Parfois, le petit garçon tombait même sur une gravure et s’empressait de la reproduire. Jean-Baptiste s’est levé. Il fait quelques pas, puis se rapproche d’Auguste et se penche par-dessus son épaule. Son fils ne lève même pas la tête de son carnet. Il dessine une main. On la dirait vivante. Peste soit des femmes! Peste soit de ce garçon si silencieux, qui semble vivre dans un monde à part! Jamais il ne proteste. Jamais il ne se rebiffe. Oh! pour ça, Jean-Baptiste n’a pas à se plaindre. Ce n’est pas Auguste qu’on retrouvera un jour sur des barricades! L’inspecteur en a vu, des garnements, parmi les révoltés de 1848! C’était pitié! D’un autre côté, Jean-Baptiste, qui aime tant l’ordre, regrette presque que son fils soit si indolent. Toujours à rêvasser. Même le dimanche à l’église. Combien de fois Jean-Baptiste l’a exhorté à se prendre en main, à ne plus être aussi «chimérique». Il lui répétait que quand on veut, on peut. Auguste regardait son père comme s’il ne le voyait qu’à travers une brume, puis baissait les yeux. Rien n’y a fait. Poire molle il est. Poire molle il reste. Qu’il y aille, puisqu’il y tient tant, dans cette Petite École! Mais à une condition! Devenu peintre ou sculpteur, il faudra qu’il se hisse au premier rang! Pour bénéficier de commandes de l’Empire! Et qu’après sa mort, on lui rende les plus grands hommages, comme à… Jean-Baptiste cherche le nom d’un artiste fameux. N’en trouvant pas, il fronce les sourcils et prend son air le plus sévère pour annoncer à son fils qu’il consent à lui donner une dernière chance de ne pas être un simple ouvrier. Auguste en a lâché son crayon. Il sourit à son père. Un peu niaisement. Mais dans ses yeux gris pâle une lueur vient de s’allumer. Comme des paillettes de mica. À l’occasion du centenaire de la mort de Rodin, Le Figaro Hors-Série consacre un numéro exceptionnel au sculpteur.
La cabane magique
Etrange nom que celui de ce blog. Il fait en fait référence à des vacances que j’ai un jour passées avec ma femme, dans une improbable cabane de bois au bout d’un ponton. Ces vacances nous ont marqués, et nous y faisons souvent référence : cette cabane, c’est un peu notre jardin secret, et le séjour que nous y avons passés n’appartient qu’à nous.
Mais il est une autre cabane que je transporte toujours avec moi : c’est ma tête. Et dans cette dernière traîne une infinité de pensées, d’idées, d’humeurs, qui ne sont jamais ou trop peu exprimées. Des réflexions qui me viennent notamment lorsque je regarde l’actualité, et en particulier lorsque j’écoute un politique présenter ses « solutions » pour le pays.
Ce que nous avons vécu dans cette cabane de bois restera à jamais un secret. Mais il est temps aujourd’hui pour moi d’ouvrir un peu cette autre cabane. Pour mettre en forme mes idées. Pour m’aérer la tête. Ou tout simplement pour partager.
Bienvenu dans ma cabane.