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Tester ses limites dans un avion de chasse

Avant-hier, j’ai concrétisé un vieux rêve : j’ai réalisé un vol en avion de chasse. Je ne pense pas qu’on puisse vraiment décrire un tel vol, et j’ai donc pas mal hésité pour publier un article sur cette expérience. Mais je me suis posé cette question : si je ne partage pas une expérience pareille, ce blog a-t-il encore une raison d’être ? Avant-hier, je suis donc allé à l’aéroport pour y effectuer mon vol. Si vous avez en tête Les chevaliers du ciel… ça ne ressemblait pas vraiment à ça. Le vol n’avait pas lieu sur un Rafale ou un autre appareil au design guerrier, mais sur un Fouga Magister, qui a été l’avion d’entraînement de la Patrouille de France : un appareil imaginé pour le vol acrobatique mais qui n’a pas vraiment l’apparence d’un avion de chasse, avec ses couleurs bleu et rouge. Mais pour moi, tout cela n’avait pas d’importance, tant que les sensations étaient au rendez-vous. Malgré une pointe de peur, une fois que je me suis retrouvé solidement bouclé à mon siège, je me suis senti dans mon élément. J’attendais le grand frisson. Si le décollage a été un peu décevant (il ne se fait pas sur les starting blocks comme dans les films, car cela consomme trop de kéro), c’est bien le seul moment qui m’ai déçu. Car il est important de bien préciser une chose : il faut avoir le coeur solide pour se lancer dans un tel vol (d’ailleurs, il faut un examen médical pour pouvoir se lancer). Si c’est plutôt tranquille les premières minutes (quand on vole à basse altitude), le vol prend un tout autre visage quand démarre la phase de voltige ! On ressent la violence de la chose dès la première série de tonneaux, quand on est soudain plaqué contre son siège en raison de la vitesse. La pression est hallucinante. On doit endurer 4,5 G dans certaines figures et le poids est alors multiplié d’autant ! A tel poin qu’on doit se contracter le plus possible afin d’éviter le fameux voile noir. Alors, je sais bien que présenté comme ça, ça ressemble plutôt à une punition, mais c’est une sensation merveilleuse et inoubliable à éprouver. Le seul point gênant, en fait, consiste à basculer sans cesse des G positifs aux G négatifs. Ca, on peut dire que ça remue salement. Je sentais que j’étais une balle de flipper en pleine partie. Ce n’était clairement pas le meilleur moyen de garder son déjeuner là où il est censé être. Et même si j’ai aimé cette expérience, j’ai été presque soulagé de voir que nous prenion la route du retour. A la descente de l’avion, j’avais les jambes un peu molles, mais j’étais au septième ciel. Et j’y retournerai chaque fois que je repenserai à ce vol ! Je vous laisse le lien vers le site spécialiste de cette activité de baptême en Fouga Magister.

Cheveux gris et croissance molle

Il est classique d’attribuer la forte croissance économique de l’après-guerre en Europe à la reconstruction et au rattrapage par rapport aux Etats-Unis. Ces trente glorieuses ont coïncidé avec la vague démographique. Il est plus rare de relever que dans les années 50 et 60, l’augmentation de la productivité apparente du travail était deux à trois fois plus élevée que dans les années 80 et suivantes alors qu’à l’époque il n’y avait pas d’ordinateurs et qu’on ne parlait pas de révolution technologique. Comment ne pas voir dans cette productivité élevée, un effet de courbe d’expérience et de baisse des coûts unitaires de production dans des marchés en expansion continue ? A l’inverse, la croissance économique comme celle de la productivité n’ont cessé de ralentir aux Etats-Unis, en Europe et au Japon depuis le début des années 1980. Les chercheurs s’interrogent sur les causes du ralentissement concomitant de la croissance et de la productivité alors que les révolutions technologiques de l’information et de la communication (TIC), des biotechnologies, des nanotechnologies ou des énergies (nouvelles et stockage) sont plus que jamais perceptibles. C’est le fameux paradoxe de Solow (on trouve des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité). Curieusement, ces mêmes chercheurs ne s’interrogent pas sur le lien qu’il pourrait y avoir entre ce ralentissement de la croissance et le vieillissement démographique des anciennes zones développées : Etats-Unis, Japon, Europe. En Europe et au Japon, la croissance du PIB a été supérieure dans les années 1980 à celle des années 1990 : 2.5% contre 2.3% en Europe et 4.6% contre 1.1% au Japon. Au cours de ces deux décennies, la croissance du PIB des États-Unis est supérieure d’environ un point à celle de l’Europe. L’explication est essentiellement (pour plus de la moitié) démographique, car l’écart de croissance du PIB par habitant n’est que de 0.2 point plus élevé outreAtlantique qu’en Europe sur les mêmes périodes. En effet, la croissance démographique, de l’ordre de 1% par an aux Etats-Unis, est depuis le début des années 60, deux à trois fois plus élevée qu’en Europe. Une autre partie de l’explication de la croissance du PIB plus élevée aux Etats-Unis est à rechercher du côté du taux d’emploi et de la durée annuelle du travail plus élevés. Si les Américains avancent plus vite, c’est parce qu’ils sont plus nombreux et rament plus.