Vous en avez peut-être entendu parler : il y a depuis quelques mois une « petite » polémique concernant le burkini sur nos plages. Je ne veux pas revenir ici sur la controverse elle-même, mais plus sur ce qu’elle nous apprend de nos élites. Car cette polémique a à mon sens démontré la mesquinerie qui domine dans la sphère politique. A l’occasion d’un séminaire à Issoire en Auvergne, j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’en discuter avec quelques personnes, et si le débat était dans l’ensemble assez mouvementé (en ce qui concerne le burkini), tout le monde s’accordait tout de même à dire que nos élites ont fait étalage de leur incompétence sur cette question. Sarkozy en première ligne. Le candidat aux prochaines élections exhorte d’ailleurs depuis peu à changer la Constitution pour arrêter quel maillot de bain doit être autorisé ou non. Rien de moins. Je vous laisse imaginer la taille de la Constitution si l’on en venait à légiférer de tels détails ! Le burkini a en tout cas été clairement le divertissement de l’été. Ce maillot de bain quasi inexistant en France (qui en a vu sur la plage et combien ?) a fait parler chaque politicien qui ne voulait pas être en reste face à ses camarades. Quitte à dire n’importe quelle ânerie ou ne pas connaître son sujet, d’ailleurs. Mais cette distraction convient tellement bien à tous, au fond : elle permet de ne pas réfléchir aux vrais problèmes. Je ne prétends pas pour autant que le burkini est sans danger : je crois même qu’il représente un vrai problème. Mais pas parce qu’il serait une provocation délibérée suite aux attentats, comme ont pu le dire certains. Le problème réside dans le fait que là où il s’implante, il devient vite la norme. Les plages marocaines le montrent assez bien. Si les autorités ont voulu que les burkini puissent cohabiter avec les bikini sur les plages (pour que chacun puisse vivre comme il l’entend, ce qui est en soi louable), force est de constater que c’est le burkini finit par s’imposer, alors que le reste tend à disparaître, les femmes qui le portent se sentant trop observées. Mais il est important de comprendre que le fond du problème n’est pas là. Et l’attention que les politiciens portent à cette question est un aveu de plus de leur simple rôle de gestionnaire. Soit dit en passant, et même si les débats avec mes collègues ont été assez houleux, ce séminaire en Auvergne a été très intéressant. Vous pouvez jeter un oeil au site de l’agence qui s’en est chargé, si ça vous intéresse.
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