Dans le secteur privé et parmi les entreprises assujetties à l’OETH, on décomptait, en 2013, 386 700 bénéficiaires de l’OETH, dont 42 % de femmes. Si les femmes apparaissent sous-représentées par rapport aux hommes parmi les BOETH (sans pour autant que cette sous-représentation diffère du ratio femmes/hommes dans le secteur privé), une évolution notable est à souligner depuis quelques années. Ainsi, entre 2009 et 2013, le nombre de bénéficiaires de l’OETH a augmenté de 25 % dans le secteur privé, et cette augmentation est liée majoritairement à l’accroissement du nombre de femmes handicapées employées dans le secteur privé. Les femmes représentent en effet les deux tiers de cette augmentation (environ 55 000 femmes contre 24 000 hommes). Cette situation mériterait une étude approfondie pour vérifier qui sont ces femmes qui ont ainsi fait augmenter les statistiques. Deux hypothèses peuvent être avancées. D’une part, l’augmentation du nombre de BOETH dans le secteur privé peut venir de l’obtention d’une RQTH par des femmes déjà en poste et dont le handicap n’avait pas été reconnu. L’un des leviers mobilisés par les employeurs pour atteindre leur « quota » d’emploi de personnes handicapées est d’inciter des salariés déjà présents au sein de leurs effectifs et en situation de handicap mais non reconnus administrativement, à faire une demande de RQTH. Or, on l’a vu, cette population dont le handicap n’est pas reconnu est majoritairement féminine. Cette pratique suscite des interrogations qui mériteraient des analyses complémentaires. Il conviendrait notamment de vérifier si cet effet, en apparence conforme à l’objectif de la loi de 2005, correspond par exemple à une meilleure prise en compte des maladies professionnelles des femmes, ou s’il n’en constitue pas une forme de dévoiement par des entreprises qui, soucieuses de remplir leur « quota », conduisent des personnes à se déclarer handicapées pour bénéficier de certains droits, alors qu’elles n’avaient pas particulièrement besoin d’un aménagement de leurs conditions de travail. Cela priverait des personnes, dont le handicap nécessite plus d’aménagements et donc a priori moins facilement employables, de bénéficier de l’effet incitatif de la loi de 2005. D’autre part, il peut s’agir des femmes reconnues handicapées au chômage qui ont été embauchées. Le taux d’emploi des personnes handicapées a connu une augmentation en faveur du public féminin, passé de 31 % à 36 % entre 2011 et 2013, tandis que le taux d’emploi des hommes handicapés stagnait à 38 %. Parallèlement, le taux de chômage des femmes handicapées a diminué. Ainsi, entre 2008 et 2013, le taux de chômage des personnes reconnues handicapées est passé de 22 % à 18 %, cette baisse étant plus importante pour le public féminin (– 5 points en 5 ans, contre – 3 points pour les hommes reconnus handicapés). On pourrait donc y voir un effet de vases communicants qui traduirait un accès et un retour à l’emploi d’un plus grand nombre des femmes reconnues handicapées. Cette analyse doit cependant être nuancée. En effet, cette baisse du taux de chômage cache une augmentation du nombre de personnes reconnues handicapées. Si le taux de chômage a pu diminuer, l’assiette globale du nombre de personnes RQTH n’a fait qu’augmenter, se traduisant également par une augmentation du nombre des chômeurs handicapés. Cette augmentation a d’ailleurs été particulièrement forte ces deux dernières années, conduisan t à un plafond encore jamais atteint avec près de 452 000 travailleurs handicapés inscrits à Pôle emploi fin 2014, soit 9 % de plus qu’en 2013 et 2,2 fois plus qu’en 2007. Ainsi, comme le précisent l’APF et l’UNAPEDA, si le nombre de postes occupés par des salariés handicapés « a certes augmenté depuis 2007, dans le public comme dans le privé, cette hausse reste insuffisante pour absorber la hausse encore plus rapide de travailleurs handicapés ».
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